Cherchez bien ! Sous toutes les coutures ! Devant ! Derrière ! Sur le côté ! Relisez l’étiquette encore une fois pour être sûre… Vous avez bien lu ? Oui ! Il n’est pas écrit Made In China, Bengladesh ou Taïwan sur mes étiquettes. (et sur mon front aussi, d’ailleurs ! )
C’est beau ! Mais c’est cher !
Régulièrement, on me fait la remarque que c’est beau, mais que c’est cher. Et je ne peux que vous donner raison. Ça sera toujours moins cher au Xxxx ou chez X&W. Tout le monde est logé à la même enseigne, notre pouvoir d’achat est tout marikiki. C’est galère dès le début du mois. *Vive les nouilles au sucre. (Ou presque).*
Bref, revenons-en à nos moutons. C’est vrai. Le pouvoir d’achat de tout un chacun n’est pas aussi élevé qu’on le voudrait et la sous-traitance en Asie ou dans les pays de l’Est, nous fait oublier la valeur réelle du travail de la couturière. Et de l’artisanat en règle générale. La facilité, la rapidité et les prix mini des grandes chaînes du prêt-à-porter nous ont fait perdre la notion de temps, du savoir-faire et de l’énergie que demande la confection, sans même parler du prix des matières premières. Conséquence directe pour nous, petites mains de la confection, nous nous sous-payons pour faire face à cette concurrence qui est rude, pour tenter de rester dans la course.
*Vive la délocalisation ! *Vive les multinationales ! *Vive la main d’œuvre chinoise ! Ou pas ! ***
Entre les deux, mon cœur balance !
Je suis donc depuis un petit temps en conflit avec moi-même sur la valeur de mon travail et le pouvoir d’achat de mes clients potentiels. Dois-je proposer des articles de moins bonnes qualités, aux finitions moins soignées avec du tissu quelconque, vite-fait-bien-fait-mais-ne-regarde-pas-trop-prêt à un prix plus abordables? Ou dois-je respecter la valeur de mon travail et proposer des articles plus chers au risque qu’ils soient trop chers ? Dois-je brader mon savoir faire juste pour faire du chiffre ?
J’en suis venue à la conclusion que si d’autres partie du monde peuvent confectionner en grand nombre, à un prix infime le même article que moi, je suis pour ma part de ce côté-ci du globe et que mon travail d’artisan ne peut pas être comparé au travail qui se fait ailleurs ! Ce n’est pas du MADE IN, mais bien du MADE BY !
Mes articles sont chers, je ne peux pas vous donner tort, et pourtant…
Cadeau !
Je travaille seule et ne sous-traite qu’avec moi-même. Je me rends personnellement en magasin pour acheter et choisir mes tissus. Lorsqu’un tissu est acheté, je le fais tremper une 1ère fois pour extraire l’excédent de teinture. Ensuite, je le lave pour le rincer et retirer l’apprêt. Je le fais sécher au séchoir afin que les fibres prennent leur place définitive et que le tissu ne bouge plus par la suite lors de son usage. Et enfin je le repasse, comme toute bonne couturière pour que le travail soit soigné et que la découpe soit aisée. *Beaucoup de ‘JE’ dans cette phrase ! Un peu nombriliste celle-là, non ?*
Dans le prix de mes articles, à aucun moment je ne compte le temps que j’ai passé en magasin pour choisir les tissus avec soin, ni les kilomètres et l’usage de ma voiture pour m’y rendre. Je ne compte pas non plus l’eau, le mazout, l’électricité et l’amortissement de la machine à laver, du séchoir ou du fer à repasser pour toutes ces étapes de préparation. De même, je ne compte pas non plus l’amortissement de ma machine à coudre, et par conséquent de ses entretiens, du chauffage, et de l’électricité que demande une journée de travail. Toutes ces étapes vous sont offertes. De plus, lorsque vous payez un article Bobinette, j’en déduis la TVA, les frais, les fournitures, l’impôt sur le travail, l’impôt sur les personnes physiques et il me reste à la fin une petite chiquelette à mâchouiller.
Mes articles ne sont pas chers. Ils ont un coût ! Un coût élevé, certes! Mais dans le fond pour ce que cela représente, est-ce vraiment si cher que ça.
Enfin…
Pas besoin de vous argumenter davantage. Vous comme moi, nous avons bien conscience de ce fossé qui sépare le travail de l’artisan et de celui des petits chinois dans la cave ! *C’est pas pour rien qu’on délocalise, après tout. * Vous savez que lorsque vous acheter un produit chez un artisan, vous acheter le temps et le savoir faire de cette personne, vous acquérez un petit bout de ses années d’apprentissage, d’essaie, d’erreurs, de réussites, de gloire même parfois. Et souvent, c’est l’économie locale que vous faites (re)vivre. C’est pas Made in China, mais bien du Made in Chez Nous !
C’est vrai mes articles ont un coût élevé, cependant au final je n’en suis pas si riche. Et à défaut de mettre du beurre dans les épinards, ça met au moins des épinards dans la casserole !
bravo pour votre travail, c’est très joli. Bonne continuation , accrochez vous et surtout n’abandonnez pas.. 😉